Victoria Woodhull

Victoria Claflin Woodhull, née le et morte le , est une femme politique féministe, directrice de publication américaine, première femme à se présenter à l'élection présidentielle américaine en 1872. Avec sa sœur Tennessee Claflin elle est la première femme agent de change à New York. Sa large audience médiatique en fait, durant le Gilded Age, une des leaders du mouvement pour le droit de vote des femmes aux États-Unis.

Victoria Woodhull
Victoria Woodhull par Mathew Brady, vers 1870.
Biographie
Naissance
Décès
(à 88 ans)
Bredon
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Victoria California Claflin Woodhull Blood Martin
Nom de naissance
Victoria California Claflin
Nationalité
Domicile
Activités
Fratrie
Conjoints
Canning H. Woodhull (d) (de à )
James Blood (en) (de à )
John Martin (en) (de à )
Enfants
Byron Woodhull (d)
Zula Maud Woodhull (d)
Autres informations
Parti politique
Equal Rights Party (en)
Membre de
Distinction
signature de Victoria Woodhull
Signature

Biographie

Jeunesse et formation

Victoria Claflin est née le dans une famille dysfonctionnelle, à Homer (Ohio) (en), dans le Comté de Licking dans l'État de l'Ohio[1].

En famille erratique

Son père, Ruben Buckman Claflin, dit Buck, est un meunier qui vit également d'escroqueries diverses, joueur de cartes, trafiquant de chevaux ou vendeur de potions. Sa mère est Roxanna Hummel, une servante, à qui il arrivait parfois, lors de visions, de prédire l'avenir. Le couple a sept enfants, deux fils et cinq filles. Parmi elles Victoria et sa sœur Tennessee, de sept ans sa cadette ; les deux sœurs restent très proches pendant une grande partie de leur vie[1].

La formation scolaire de Victoria Claflin s'est faite durant trois ans au sein de l'église méthodiste de Homer[1].

Victoria Claflin est marquée par l'incendie de la meunerie de son père et la ruine financière de sa famille liés à l'alcoolisme de son père. La population de Homer, suspecte Buck Claflin d'avoir mis volontairement le feu à sa meunerie pour toucher l'indemnité de son assurance[1].

Un mariage précoce

Portrait photographique de Tennessee Celeste Claflin.

Victoria Claflin échappe à la vie erratique de sa famille en 1853, en épousant Canning Woodhull, un médecin de 28 ans. Le couple vit d'abord à Rochester, puis part s'installer à San Francisco, qui est à l'époque une ville de pionniers en pleine ruée vers l'or. Le couple a un premier enfant, Byron, déficient mental. Canning Woodhull, coureur de jupons et alcoolique, assure de moins en moins les revenus de la famille. C'est bientôt Victoria qui y pourvoit, en se produisant comme actrice[1].

En 1857, Victoria décide de rejoindre sa jeune sœur, à la suite d'une vision où elle aurait entendu celle-ci lui demander de rentrer. Elle retrouve à Indianapolis dans l'État du Tennessee qui fait vivre la famille en exploitant ses talents de médium ; Victoria se joint à elle en faisant elle aussi profession de spirite. La famille déménage à plusieurs reprises, à la suite de divers scandales liés à des escroqueries, et pour s'éloigner des zones de combats de la guerre de Sécession. C'est à New York que nait le le second enfant de Victoria et Canning, leur fille Zula[1].

Divorce et secondes noces

En 1865, Victoria Woodhull ne pouvant plus supporter les frasques et le délabrement de son mari obtient le divorce. En 1866, elle épouse en secondes noces James Blood (en), un colonel de l'Union Army, un héros nordiste de la guerre de Sécession, le couple divorce en 1876[1].

Carrière

De la voyance aux activités de courtage en bourse

En 1868, Victoria Woodhull accompagnée de sa sœur Tennessee et de James Blood partent pour la ville de New York pour y rencontrer le magnat du chemin de fer, Cornelius Vanderbilt, passionné par la voyance et le spiritisme[1].

Cornelius Vanderbilt, devient le mentor des sœurs Claffin, les initiant aux arcanes de la finance. Victoria Woodhull renonce à ses activités de voyante, épouse les bonnes manières pour faire bonne figure auprès des invités présents à la table de Cornelius Vanderbilt. Grâce aux conseils de ce dernier, Victoria Woodhull s'est faite une petite fortune en spéculant sur le marché de l'or, tant et si bien qu'en 1869, elle est en mesure de créer sa propre maison de courtage en bourse la « Woodhull, Claffin and Co. »[1].

Portrait photographique de Stephen Pearl Andrews.

De Wall Street à l'anarchisme individualiste

Sa position financière et sa réputation auprès du New York Stock Exchange de Wall Street lui permettent de se lancer dans la politique, ainsi en 1870, elle publie un article au sein du New York Herald où elle expose des prises de position inspirées de Stephen Pearl Andrews un réformateur radical. Très rapidement elle épouse les idées de Stephen Pearl Andrews prônant l'instauration d'une société gérée selon les principes de l'anarchisme individualiste, société dans laquelle les biens matériels et l'éducation des enfants sont pris en charge par l'État, et où les adultes sont libres de vivre et d'aimer comme bon leur semble[1].

L'éditrice et la directrice de publication

En 1870, Victoria Woodhull fonde le Woodhull & Claflin's Weekly (en) dont le premier numéro sort des presses en . elle en est aussi la directrice de publication. Stephen Pearl Andrews et James Blood y publient de nombreux articles. La ligne éditoriale de Woodhull & Claflin's Weekly est la promotion du droit des femmes, de l'amour libre, l'emploi des femmes et culturellement publient sous forme de feuilleton un roman de George Sand. Pendant les six années de sa parution le Woodhull & Claflin's Weekly fait également la promotion des ambitions politiques de Victoria Woodhull[1].

Parallèlement, profitant de la notoriété de Victoria Woodhull en matière de bourse, le Woodhull & Claflin's Weekly publie également des informations financières concernant Wall Street[1].

La militante féministe

Portrait photographique d'Elizabeth Cady Stanton.
Portrait photographique de Susan B. Anthony.

Victoria Woodhull se rend à la National Women's Rights Convention de 1869 organisé par la National Woman Suffrage Association. À la fin de l'année 1870, elle va à Washington (district de Columbia) pour y faire du lobbying en faveur du droit de vote des femmes auprès de membres du Congrès des États-Unis, notamment auprès de Benjamin Franklin Butler le sénateur de l'État du Massachusetts. Là où Elizabeth Candy Stanton et Susan B. Anthony ont échoué, le , Victoria Woodhull saisit la Commission judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis en lui envoyant un mémorandum quant à la question du droit de vote des femmes et des décisions prises à ce sujet. Cette saisie de la Commission judiciaire attire l'attention de Susan B. Anthony et d'Elizabeth Candy Stanton et leurs soutiens, aussi décident-elles d'inviter Victoria Woodhull à la National Women's Rights Convention de qui se tient à New York pour qu'elle y prenne la parole. Le discours de Victoria Woodhull suscite l'enthousiasme et la place comme figure majeure du mouvement. Lors d'une diatribe enflammée concernant la libéralisation du divorce elle déclare « Nous dénonçons la félonie, nous voulons l'indépendance... nous préparons la révolution »[1].

La candidate à l'élection présidentielle américaine de 1872

Victoria Woodhull décide de se présenter comme candidate à l'élection présidentielle américaine de 1872 et en même temps elle fonde le National Equal Rights Party (en), qui la nomme présidente et candidate à l'élection présidentielle. Elle sillonne les États-Unis pour y tenir des conférences où elle fait la promotion des droits des femmes, les réformes du droit du travail, le contrôle des opérations financières, l'amour libre et les bienfaits du spiritisme[1].

Alors qu'elle devient une personnalité politique renommée, Victoria Woodhull perd le soutien de Cornelius Vanderbilt et on apprend qu'elle continue toujours de pourvoir aux besoins de sa famille et aussi de son ex-mari Canning Woodhull, alcoolique notoire, ce soutien provoque un scandale. Par ailleurs sa proximité idéologique envers le marxisme fragilise sa candidature. Elle et sa sœur Tennessee Celeste Claflin en liant le droit de vote des femmes aux réformes sociales, aux droits des ouvriers reprennent les idées de la première internationale ou association internationale des travailleurs[1].

Anthologie et compilation

  • Madeleine B. Stern (dir.), Victoria Woodhull Reader, Weston, Massachusetts, M & S Press, , 652 p. (ISBN 9780877300090, OCLC 1345757, lire en ligne),
  • Cari M. Carpenter (dir.), Selected Writings of Victoria Woodhull : Suffrage, Free Love, and Eugenics, Lincoln, Nebraska, University of Nebraska Pres, coll. « Legacies of Nineteenth-Century American Women Writers », , 394 p. (ISBN 9780803216471, OCLC 440562818, lire en ligne),
Victoria Woodhull en 1880.

Hommage

Allusion dans la fiction

  • 2017 : dans la saison 6 de la série télévisée Scandal, Mellie Grant fait installer une affiche de Victoria Woodhull dans le Bureau ovale lorsqu'elle devient présidente des États-Unis.

Notes et références

Références

  1. (en-US) John A. Garraty (dir.) et Kathleen Feeney, American National Biography, vol. 23 : Wellek - Wrenn, New York, Oxford University Press, USA, , 899 p. (ISBN 9780195128024, lire en ligne), p. 799-801
  2. (en-US) « Victoria Woodhull »

Pour approfondir

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Notices dans des encyclopédies ou des livres de références

  • (en-US) Ishbel Ross, Charmers & Cranks : 12 Famous American Women Who Defied the Conventions, New York, Harper & Row, , 344 p. (OCLC 755238, lire en ligne), p. 110-136,
  • (en-US) Johanna Johnston (ill. DeAnne Hollinger), They Led the Way : 14 American Women, New York, Scholastic Inc., coll. « Scholastic Biography » (réimpr. 1989, 1992, 2004) (1re éd. 1973), 126 p. (ISBN 9780590444316, OCLC 20901053, lire en ligne), p. 98-104,
  • (en-US) Suzanne Michele Bourgoin (dir.), Encyclopedia of World Biography, vol. 16 : Vitoria-Zworykin, Detroit, Michigan, Gale Research, , 540 p. (ISBN 9780787622213, lire en ligne), p. 371-372,
  • (en-US) John A. Garraty (dir.) et Kathleen Feeney, American National Biography, vol. 23 : Wellek - Wrenn, New York, Oxford University Press, USA, , 899 p. (ISBN 9780195128024, lire en ligne), p. 799-801. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article,
  • (en-US) Anne Commire (dir.), Deborah Klezmer (dir.) et Susan Gonda, Women in World History, vol. 16 : Vict - X, Waterford, Connecticut, Yorkin Publications (réimpr. 2002) (1re éd. 1999), 881 p. (ISBN 9780787640750, OCLC 41108563, lire en ligne), p. 767-773,
  • (en-US) Helen Lefkowitz Horowitz, Rereading Sex : Battles over Sexual Knowledge and Suppression in Nineteenth-Century America, New York, Knopf (réimpr. 2003) (1re éd. 2002), 521 p. (ISBN 9780375401923, OCLC 48965008, lire en ligne), p. 342-357,
  • (en-GB) Bonnie G. Smith (dir.) et Amanda Frisken, The Oxford Encyclopedia of Women in World History, vol. 4 : Seton-Zia, Oxford, Royaume-Uni, Oxford University Press, , 701 p. (ISBN 9780195148909, OCLC 167505633, lire en ligne), p. 404,
  • (en-US) Sheri J. Caplan, Petticoats and Pinstripes : Portraits of Women in Wall Street's History, Santa Barbara, Californie, Praeger, , 264 p. (ISBN 9781440802652, OCLC 821025020, lire en ligne), p. 33-44,
  • (en-US) Teri Finneman, Press Portrayals of Women Politicians, 1870s–2000s : From "Lunatic" Woodhull to "Polarizing" Palin, Lanham, Maryland, Lexington Books,, coll. « Women in American Political History » (réimpr. 2017) (1re éd. 2015), 220 p. (ISBN 9781498524261, OCLC 1061073417, lire en ligne), p. 12-41,
  • (en-US) George Robb, Ladies of the Ticker : Women and Wall Street from the Gilded Age to the Great Depression, Urbana, Illinois, University of Illinois Press, , 254 p. (ISBN 9780252082719, OCLC 1128095998, lire en ligne), p. 82, 110, 114-131, 142-143,

Essais et biographies

  • (en-GB) Johanna Johnston, Mrs. Satan : The incredible saga of Victoria C. Woodhull, Londres & Melbourne, Macmillan, , 336 p. (OCLC 220758545, lire en ligne),
  • (en-US) Emanie S. Arling, Terrible Siren : Victoria Woodhull 1838-1927, New York, Harper & Brothers Publishers (réimpr. 1972, 1974) (1re éd. 1928), 504 p. (ISBN 9780405044748, OCLC 203583, lire en ligne),
  • (en-US) Arlene Kisner (dir.), Woodhull & Claflin's weekly : the lives and writings of notorious Victoria Woodhull and her sister Tennessee Claflin, Washington, New Jersey, Time Change Press, , 68 p. (ISBN 9780878100170, OCLC 415961, lire en ligne),
  • (fr) Nicole Blondeau, et Jean Paul Feuillebois, Victoria, la scandaleuse : La vie extraordinaire de Victoria Woodhull, 1838-1927, Saint-Lambert, province du Québec, Canada, Éditions Héritage, coll. « Héritage plus », , 460 p. (ISBN 9780777353547, OCLC 1200622593, lire en ligne),
  • (en-US) James Brough, The vixens : A biography of Victoria and Tennessee Claflin, New York, Simon and Schuster (réimpr. 1981) (1re éd. 1980), 296 p. (ISBN 9780671226886, OCLC 6708393, lire en ligne),
  • (en-US) Lois Beachy Underhill, The Woman Who Ran for President : The Many Lives of Victoria Woodhull, Bridgehampton, Etat de New York, Bridge Works Publ., , 384 p. (ISBN 9781882593101, OCLC 31865246, lire en ligne),
  • (en-US) Mary Gabriel, Notorious Victoria : The Life of Victoria Woodhull, Uncensored, Chapel Hill, Caroline du Nord, Algonquin Books of Chapel Hill, , 392 p. (ISBN 9781565121324, OCLC 37245836, lire en ligne),
  • (en-US) Barbara Goldsmith, Other Powers : The Age of Suffrage, Spiritualism, and the Scandalous Victoria Woodhull, New York, A.A. Knopf, , 568 p. (ISBN 9780394555362, OCLC 38014065, lire en ligne),
  • (en-US) Jacqueline McLean et Jacqueline A. Kolosov, Victoria Woodhull : First Woman Presidential Candidate, Greensboro, Caroline du Nord, Morgan Reynolds, coll. « Notable Americans », , 120 p. (ISBN 9781883846473, OCLC 41516498, lire en ligne),
  • (en-US) Miriam Brody, Victoria Woodhull : Free Spirit for Women's Rights, New York, Oxford University Press, coll. « Oxford Portraits », , 168 p. (ISBN 9780195143676, OCLC 53374986, lire en ligne),
  • (en-US) Kate Havelin, Victoria Woodhull : Fearless Feminist, Minneapolis, Minnesota, Lerner Publications Company, coll. « Trailblazer Biography », , 112 p. (ISBN 978-0-8225-5986-3, OCLC 948631129, lire en ligne),

Articles

  • (en-US) Barbara McCrimmon, « Victoria Woodhull Martin Sues the British Museum for Libel », The Library Quarterly: Information, Community, Policy, vol. 45, no 4, , p. 355-372 (18 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • (en-US) Helen Lefkowitz Horowitz, « Victoria Woodhull, Anthony Comstock, and Conflict over Sex in the United States in the 1870s », The Journal of American History, vol. 87, no 2, , p. 403-434 (32 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • (fr) Camille Raymond, « L’utopie féminine américaine au 19e siècle : Victoria Woodhull et Tennessee Claflin », Horizons philosophiques, vol. 14, no 1, , p. 56-76 (lire en ligne),
  • (en-US) Lisa Cochran Higgons, « Adulterous Individualism, Socialism, and Free Love in Nineteenth-Century Anti-Suffrage Writing », Legacy, vol. 21, no 2, , p. 193-209 (17 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),
  • (en-GB) Jason Jones, « Breathing Life into a Public Woman: Victoria Woodhull's Defense of Woman's Suffrage », Rhetoric Review, vol. 58, no 4, , p. 352-369 (18 pages) (lire en ligne Inscription nécessaire),

Liens externes

  • icône décorative Portail des États-Unis
  • icône décorative Portail des femmes et du féminisme
  • icône décorative Portail du marxisme
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons – Attribution – Partage à l’identique. Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.