Siamou

Le siamou ou sèmè (sɛ̀mɛ̀ en siamou) est une langue isolée parlée au sud-ouest du Burkina Faso, dans la région des Hauts-Bassins, et au Mali dans le district de Bamako[1].

Siamou, sèmè
sɛ̀mɛ̀
Pays Burkina Faso, Mali
Région Hauts-Bassins, Bamako
Nombre de locuteurs Burkina Faso : 26 700 (2021)[1]
Mali : 37 100 (2022)[1]
Total : 63 800[1]
Classification par famille
  • - hors classification (isolat)
    • - siamou
Codes de langue
IETF sif
ISO 639-3 sif
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
WALS sme
Glottolog siam1242

Classification

Le sèmè a d’abord été classé comme une langue mandée avant d’être considéré comme une langue krou, notamment par Yves Person en 1966[2], ou de manière générale une langue de la famille des langues nigéro-congolaises mais Pierre Vogler, en 2015, et Tom Güldemann, en 2018, considèrent que celle-ci est plutôt une langue isolée[3],[4]. Le projet Glottolog classifie le sèmè comme un isolat.

Répartition géographique

Le sèmè est parlé principalement[1],[3],[5] :

Écriture

Un alphabet latin proche de l’alphabet phonétique international est utilisé par certains auteurs, avec la nasalisation indiquée en suffixant  ŋ  à la voyelle et les consonnes nasales en fin de mots sont indiquées avec  n , la consonne spirante palatale voisée /j/ est transcrite  y , la consonne fricative palato-alvéolaire sourde est transcrite /ʃ/, la consonne occlusive vélaire voisée palatalisée /ɡʲ/ est transcrite  j  et les tons sont indiquées avec l’accent aigu pour le ton haut, l’accent grave pour le ton bas, sans accent pour le ton moyen, l’accent circonflexe pour le ton haut-bas et l’accent aigu sur la première voyelle d’une double voyelle pour le ton haut-moyen[6],[7].

Alphabet sèmè
abdeɛ əfgh ijkl
mnɲŋo ɔprssh tuw

Prononciation

Consonnes[8],[9]
Bilabiale Alvéolaire Palatale Vélaire Labio-vélaire Glottale
Nasale m n ɲ ŋm
Occlusive pb td ɡʲ[10] kɡ kpɡb
Fricative f s ʃ h
Spirante l j w
Battue r
Voyelles[8],[11]
Antérieure Centrale Postérieure
Fermée iĩ uũ[12]
Mi-fermée e ə o
Mi-ouverte ɛɛ̃ ɔɔ̃
Ouverte aã

Lexique

Lexique sèmè (siamou) selon Vogler (2015)[3]:

françaissèmèremarques
1diõ/ɟɔ
1ɟɔ, bjɛadjectif
2
3ca̍r/cá:r
4jur/jʸro
5kwɛ̃́l / kwẽ
6kpa
7*kwin > cĩ/ci
8*kwrɛ̃ > kprɛ̃ > prɛ
9kal
10fu
20kar
(femme) enceintekwõ̀
(individu) aveuglecā́r
(individu) mort*kloŋo > klomõ
(la) mortkũn
(main) sèche (par avarice)fwar
(soleil) se leverlɛ̄
à-ɲẽ
abeilletwɛ̃́lɛ̃́l
acheter
ailebija
aimerbo
aire de battagefār
allerke
aller, partit
allumertár
amantniɛ́
amantsniɛ́té
annéekàtɛ́l
appelerfẽ́
arachidesã́
araignéetel/tɛl
arbretímɔ́n(arbre.chose)
arc
aubergine africaine, Solanum aethiopicumdwɔ̄/ɟɥo
aujourd'huiɲa
avalerɟɛ̀
balaisə̄rō
balaissə̄rɛ̄
balayerjɛ̄n
bas-ventrekɔnõ
bâtircõ̀
bâtonbwá
beau-parentbə̄rɛ̄
bergernalmiẽdõ(bovin.garder.enfant)
bilepɔpal
boiregbɛ̄
boirela̍‘boire+imparfait’
bois à brûlernálán
boissonlamõ(boire.chose)
bouchekɔ̄̃n
boucheɲɛ̄ɛ́n > jɛ̄̃n
boucheɲɛ̄́n
bouchercɛkorotõ(viande.couper.agent)
boucherkiɛkoː(viande.couper)
boucher
bouilliebjɛ̄l
bouillie, pâte de galettedɛ̄
bouillie, de sorgho rouge, Sorghum bicolormə́kàl
bras (pl.)bœ > bɛ̄
bras (sg.)bɔ̄
buffledòmbò
cabaretcẽlafõ(dolo.boire.endroit)
cadetsərɔ
calebassekpá
calebasseŋmēl
calebasse pour boirekoblɔ
calebassesŋmél
calice de kapokier, Bombax costatumtõfur(kapokier.calice)
camaradekoroma
caméléontàlākwólón
canardtoŋono
canari, marmitekene
cet hommeni ɟɔ́
champklɔ̄n/klȭ
champsklē̃
chanterɲẽ́
chasseurdònsō
chatɟonkuõ
chatɲókwã́
chauve-sourisnū̃
chef de terreɲantõ
chef de village(s)dierõ
chefs de terreɲante
chefs de village(s)diete
cheminɲãl/ɲan
cheval
chevauxsòē
cheveuxfléɲī(haut.poils)
chèvreblḗ
chienbwôn
chiennebuomel(chien.femelle)
chosemɔ́
chosemɔ́n
cielɲīnācé
ciel dorage, foudresumbarmõ
cœurdōbı̃̀(poitrine.graine)
coifferfjɛl
collinekɛ́lɛ́l
conte, fabledál
cordeɲān
corne
cornes
corpsgbɛ́
côté, directionbòfã̀(bras.côté)
coukwã̀
coudrekùl
couperkwà
couper (leau), se baignerte
courge, Lagenaria sicerariakõmõ
courir*to̍lo̍ > hlo̍imparfait
courir
crocodile
cuire
cuisinesekar
cuisseklɔ̀
cuissesklɛ̀
cultivateursūmá
dans-mɔ̄
dans, au milieu de-wunõ
dansesẽ
décortiquersoro
demaindwɔ̄n
dentɲɛ̀l/ɲèn
déroberɲìrà
discuter, négocierbokal
doigt*kpē̃bī > kpē̃mī(main.enfant)
donne moi de leaununo n kɛ(eau-o/moi/donner)
donnerkẽ́
donnerkla̍̃imparfait
dormirdɛ́
dosbòndùr
droittɛ̀l
eaulɔmõ
eaunūn/nū
éclairɲal
écorceblɛ̀
éléphantʃjù
éléphants*ʃjūnē > ʃjūē
enclosnàgbɛ̄l(bovin.enclos)
enfantbīsjā̃
enfanter, accoucherkwõ̀
enfanter, accoucherkwȭimparfait
enfoncerkpe̍
entendre
entraillesɲābı̄̃
entrer
épouse
étoilesẽ̀
être*sı̀̃ > hı̀̃
être acideɲàn
être amerkokwa
être fatiguécẽ̀
être présentmi
excrémentfùr
faimklɔ̄
faireklɛ̄imparfait
faire
faire de la fumée (pour soigner)gbúʃú
faire fondrejɛ̍imparfait
faire fondrejɛ́
faire le ta̍̃imparfait
faire le tã́
faux kapokier, Bombax costatum
femmekã̌
femmekār
femmemél
femme, épousefjɛ̂
femmeskàré
femmesmēl
fer
fermerkpɛ̄
fermerkpla̍imparfait
fessefòmbùr
feuɲɛ̄
feuillejɛ̍̃
feuillenwõ
filaire, Dracunculus medinensisʃuɛ
flèchemuõ
fleurfūrū
foiendir
foliefwɔ̀
fonio, Digitaria exilisfũn
forêt
forgeronfɔ̀nɔ̄
forgeronsfèrê
frapperŋmẽ̀
froidjel
fromager, Ceiba pentandracɛ̃̀
frontkwɔ̄
fruitsɛ̂̃n
fruit(s) du rônier, Borassus aethiopumkēbē(rônier.enfant)
fuméeniɲa
fusilmarfwo
galekpàr
genoukùr
gombo, Abelmoschus esculentusfəra
grainebı̄̃
graines de néré fermentées, soumbalaɲîr
grandbɛr
grand-mèreɲá
grands-mèresɲẽ́
grenouillesalɟublɛ(marigot.diminutif.crapaud)
griotkã̌
griotskàré
guerrekã̀l/kẽ̀
hacheɟénē
haricotdēn
herbeʃɛ̄̃n
hierdir
hommeɟɔ́
homonymetɔ́mà
hôtetṍ
huile de palmesẽɲar
hyènekūr
hyèneskūrē
igname
il/elleà
ils/elles
ils/elles/euxjèrè > jèn
je ne suis pas venum bjɛm bo(je/venir/NÉG)
je/me/moimóne > món
je/me/moiné > ń
jeune(s) homme(s)menemble
joue
jourjēfjɛ́l(soleil.se lever)
jugementkiti
jugerkitikõ
jumeauŋmẽl
jurer*ŋuõ > muõ
jusqu'àfórō
karité, Vitellaria paradoxadwɔ́lɔ́
lancer (une flèche)
lancer (une flèche)fɛ̄imparfait
langue (anat.)dɛ̄
l'arbrea timõ ne
larmeɲánī(œil.eau)
laver*wú > vú
le travaila bare
le voiciàkun ɛ
léopardɲókuá
lèpretúbī(ciel.enfant)
lépreuxture(lèpre.possesseurs)
lépreuxturõ(lèpre.possesseur)
lièvrebā́r
lièvresbā́re
lionɟɛ̄r
lirekal
louangeɟɔ̄n
lune, moisfwṍ
maison (à toit)lɔ́
maison à terrassemɛmɛ
maîtretiʃjãteacher
manger*dìlē > lēimparfait
manger
manger (du mil en grains)
manioc, Manihot esculentacemba
marchéklɔ́
marcherkœl
mari
marigot
marisdété
matinlɛ̍
mensongekē̃/kē̃n
mèrejɔ̄
mettre le feu (aux déchets, à la brousse)sán
meuleɲẽl
mieltwɛ̃́lɛ̃́l(miel.diminutif)
mil pénicillaire, Pennisetum glaucumjḗ
moletteɲẽsimi
monde (dici bas)díɲɔ́n̄
montagnekáːl
monterdūgū > dūkū
mouchesjœ̀l
moudreɲu̍o̍̃
mourirklo̍imparfait
mourir
mourirkue
moustiquesùsūl
mur de maisongbɛ́
nagerfwo
nattekpàr
NÉG-bo
néré, Parkia biglobosaɲı̃́
nerf
nezmár
nid
noirbwàr
noix de kola, Cola nitida / Cola acuminata*gwɛl > gbɛl
nom*ɲi > ȷĩ
nombril proéminentɲēfū
nourrirɲēɲē̃
nousmɛ̄
nousmɛ̄nē > mɛ̄n
nuittṹ
nuquekpār > kprā
œilɲá
œufcē̃
oirckír
oiseaulūmṍ(voler.chose)
oncle maternelcɛ̄n
oncles maternelscɛ́n
oreilletàsjɛ̃̀
os (pl.)kpa̋r
os (sg.)kpár
ouvrirflì
ouvrir la maisonjefli(maison.ouvrir)
palmier à huile, Elaeis guineensis
paralytiquemorukwo murku
parlerkɛ̄l
parlerwú > vú
partagerlu
partir
paume
penserkesɛ
pèretɔ̀
pèrestɛ̄
pied
piednílí
pilersã̀
pilonsır̍
pimentsõ̀nkō
plaienuãl/nœ̃l
pleurerto̍
pluienõ̀
plumesìjɛ́
poilsìyɛ́
pois de terre, Vigna subterraneaklā
poissonɲẽ
poitrinekàr
porteklɔ̍
porter au dosmomõ
poserɲẽ̀
poserɲē̃imparfait
possesseur, chef
possesseur-tõ/rõ
poule*sìmbì > sìmì/ʃìmì
poulehlɔ̄̃, hlṍ
pouleshlē̃
pratiquer le troc, commercersã̀l
prendre (ventre), concevoirgbõ
prixtar
puiser (de leau)
puitstita
pupille, œilɲábī(œil.enfant)
pusnwár
quelque chosefor > fo
queuedār
raserkwɔ́n
raser la têtekwɔ́n ɲı̃́
rat de Gambie, Cricetomys gambianusnamẽ
regarder
remèdetīkâl(arbre.écorce)
reste (dun ensemble)séné
restertɛ̃̀
rêvedɛ̀l
riremiẽ
rizmāl
rônier, Borassus aethiopumkpē/kpēn/kpḗn
roséemɛ̍
rouge, mûrkpã̀l
sablehlo
saliveɲābí
saluerfolo
sandale
sangtṍ
savoirʃi
se coucherʃī
se coucherʃı̍̃nimparfait
se reposermìẽ̀
sécherkwel
seinkārwȭ
selfı̄̃
semer (le mil)nugo
semer à la voléemur
serpentɟāl
sésame, Sesamum indicumdēfẽ́
séteindre
sillonflɔ́n
soifnı̃̀
soleil
somnolertṹ
sorgho, Sorghum bicolorkarkõ/kũ̀kwə̄l
sorgho, Sorghum bicolormlā̃
sortir de son enveloppe*fim > fĩ
sortir, ôter un habitbwɔ̍imparfait
sortir, ôter un habitbwɔ́
sourdtaʃjẽturõ(oreille.fermée)
souristū́rù/tū́r
taillersár
tambour daisselletòrȭ
tambour en boisdũ̀dū̃n
tambour-calebasse
tambour-sablier*gwelbĩ > gbelbĩ(tambour.diminutif)
tambours-sabliersgogwer
tas dordures ménagèrestwõ
tatouage ethnique sur le visagetàkwà(joue.couper)
taureaunāltólɔ́
taureautólɔ́
terreɲálán
terre à mortiertɛ̀l
têteŋmēl
têterɲo̍̃
tigekãl
tisser
toitlɔ́ɲı̃́(maison.tête)
tomber
tortuekàkō
tourterellekònē
tourterelleskòné
touxkpɛ̂̃l
travailbar
tromperɲenebur
tuá
tuer
vachenālkār(bovin.femelle)
vachenalmel(bovin.femelle)
varan(s) des sables, Varanus exanthematicuskúrú
veaunālbī(bovin.enfant)
vendrejɛ̀
venirbɛ̍
vent*sóm > sṍ
ventreɲã̀
viandecɛ̄
vieillardkpã́
vieille femmemúklɔ̂
vieuxkɔ̀rɔ
villagedie
village, ville, terre
vipèrefófwólón
voler (oiseau)
vous
vousjērē > jēn
vulvecē̃
xylophone, balafonɲál

Notes et références

  1. Ethnologue [sif].
  2. Person 1966.
  3. Vogler 2015.
  4. Güldemann 2018, p. 179-180.
  5. Jacques Leclerc, « Mali », sur Aménagement linguistique dans le monde,
  6. Toews 2010, note 3, p. 1-2.
  7. Toews 2015, p. 8-10.
  8. Boyd, Fournier et Nignan 2014, p. 183.
  9. Toews 2015, p. 17-18.
  10. Noté /ʒ/ dans Boyd, Fournier et Nignan 2014
  11. Toews 2015, p. 18-19.
  12. Toews 2015, p. 18-19 indique que les voyelles /u, o, e/ ne sont pas nasalisées, mais /ũ/ figure dans Boyd, Fournier et Nignan 2014, p. 183.

Annexes

Bibliographie

  • Raymond Boyd, Anne Fournier et Saïbou Nignan, « Une base de données informatisée transdisciplinaire de la flore : un outil pour l’étude du lien nature-société », dans Gwenaëlle Fabre, Anne Fournier, Lamine Sanogo, Regards scientifiques croisés sur le changement global et le développement - Langue, environnement, culture : Actes du Colloque international de Ouagadougou (8-10 mars 2012), Sciencesconf.org, (HAL hal-00939893, lire en ligne), p. 165-200
  • Souleymane I. Coulibaly et Paul Thiessen, Dictionnaire siamou-français, Africa Inter-Mennonite Mission,
  • (en) Tom Güldemann, « Historical linguistics and genealogical language classification in Africa », dans The languages and linguistics of Africa, De Gruyter Mouton, (ISBN 9783110421668, DOI 10.1515/9783110421668-002), p. 58-444
  • Yves Person, « Des kru en Haute-Volta », Bulletin de l’Institut fondamental d’Afrique noire, b no 23, , p. 485-491
  • (en) Carmela Irene Penner Toews, « Siamou future expressions », dans Melinda Heijl, Actes du Congrès de l’ACL 2010 / 2010 CLA conference proceedings, (lire en ligne)
  • (en) Carmela Irene Penner Toews, Topics in Siamou tense and aspect, University of British Columbia, (DOI 10.14288/1.0166224, lire en ligne)
  • Kalifa Traoré, Étude des pratiques mathématiques développées en contexte par les Siamous au Burkina Faso (thèse de doctorat), Montréal, Université du Québec à Montréal, (lire en ligne)
  • Kalifa Traoré et Nadine Bednarz, « Mathématiques construites en contexte : une analyse du système de numération oral utilisé par les Siamous au Burkina Faso », Nordic Journal of African Studies, vol. 17, no 3, , p. 175-197 (lire en ligne)
  • Pierre Vogler, Le sèmè/siamou n’est pas une langue kru, (HAL hal-01182225v2)

Liens externes

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