Roxane

Roxane ou Roshane (en grec ancien Ῥωξάνη / Rhôxánê, du vieux perse Raṷxšnā : « la lumineuse »), née vers 345 av. J.-C. en Bactriane et morte à Amphipolis en 310, est la première épouse d'Alexandre le Grand et la mère de son fils posthume Alexandre IV. Elle périt assassinée sur ordre de Cassandre avec son fils.

Roxane
Pietro Antonio Rotari, Alexandre le Grand et Roxane (1756).
Titres de noblesse
Princesse
Reine consort
Biographie
Naissance
Décès
Père
Conjoint
Alexandre le Grand (à partir de )
Enfant

Biographie

Épouse d'Alexandre

Roxane est la fille du noble bactrien Oxyartès et peut-être de Timosa, concubine d'Oxyartès, dont la beauté surpasserait celle de toutes les femmes de son temps[1]. Elle est capturée en 327 av. J.-C. par les troupes d'Alexandre au cours de la conquête de la Sogdiane. Le roi aurait fait sa connaissance lors d'un banquet durant lequel elle danse pour lui[2]. Arrien écrit à ce sujet[3] : « Roxane, nubile depuis peu, était la plus distinguée des beautés de l'Asie, après la femme de Darius. Alexandre en est épris, et loin d'user des droits du vainqueur sur sa captive, il l'élève au rang de son épouse, action bien plus digne d'éloge que de blâme ». Pendant que Roxane danse, Alexandre lui demande d’enlever son tchador, une tenue traditionnelle de la Perse antique dont les femmes nobles doivent être vêtues pour être dissimulées du regard des autres, qu’elle n'a alors jamais enlevé en public.

Le mariage, au printemps 327, entre Alexandre et Roxane est bien attesté par les sources[4]. Alexandre l'épouse, contre l'avis de ses généraux, selon le rite macédonien et non perse, contrairement à ce qui est souvent écrit[5]. Les détails du mariage sont relatés en particulier par Quinte-Curce, qui est le seul à décrire avec précision les détails de la cérémonie[6]. Après leur mariage, Roxane accompagne Alexandre en Inde. Elle aurait donné naissance à un enfant mort à sa naissance ou peu de temps après, en novembre 326 près de la rivière Acésine[7] ; mais le silence des autres sources à ce sujet donne peu de crédit à ce fait[8]. Son rôle n'est pas évoqué jusqu'aux derniers jours de la vie d'Alexandre. Elle aurait peut-être joué un rôle dans la désignation de son père Oxyartès à la tête la satrapie des Paropamisades en 325[8]. Son influence politique a probablement diminué après qu'Alexandre épouse lors des noces de Suse Stateira (anciennement appelée Barsine), la fille de Darius III, et Parysatis, la fille d'Artaxerxès III[8]. Quelques semaines après la mort d'Alexandre survenue en juin 323, elle donne naissance à un fils. L'enfant aurait été conçu en octobre 324, en suivant Quinte-Curce[9] ; ce qui pour certains historiens pourrait signifier qu'Alexandre se soit tourné vers elle pour se consoler de la mort d'Héphaistion[8].

Après la mort d'Alexandre, de concert avec Perdiccas, elle fait étrangler Stateira, fille de Darius III et seconde épouse d'Alexandre depuis les noces de Suse en 324. Elle fait alors reconnaître son fils comme héritier du trône sous le nom d'Alexandre IV[10].

Portée politique du mariage

Les Noces d'Alexandre et Roxane, André Castaigne (1898-1899).

Politiquement, ce mariage sert à Alexandre à rallier les élites indigènes, d'autant plus qu'il se trouve alors loin en Haute Asie[11]. Alexandre cherche donc à unir les élites gréco-macédoniennes et perses dans une sorte de syncrétisme[12]. Ce mariage est aussi l'occasion d'une réconciliation entre les élites en plus d’un affermissement de son empire fraîchement agrandi. Ainsi, les vainqueurs doivent maintenir une relation d’égal à égal avec les vaincus. Ici, c’est Alexandre qui donne l'exemple. Il veut que les vaincus ne soient pas humiliés et que les vainqueurs ne soient pas orgueilleux. Il se compare alors à Achille qu’il considère comme son aïeul. Achille a épousé l’une de ses prisonnières pour les mêmes raisons. Selon la volonté d’Alexandre, ce mariage est un mélange des traditions macédoniennes et perses. Ainsi, il insiste pour que leur mariage soit célébré sous les yeux des Macédoniens et des Perses.

La réaction des Macédoniens est plutôt négative puisque Roxane est vue comme une barbare, fille de l'ennemi vaincu, mais aussi parce que le comportement d’Alexandre porte atteinte à leurs traditions, notamment sur le fait qu’un Perse devienne le beau-père de leur roi.

Dans la continuité de ce mariage, Alexandre organise en 324 les noces de Suse durant lesquelles des milliers de Macédoniens, dont ses principaux officiers, sont mariés à des femmes perses et mèdes. Alexandre épouse Stateira, fille aînée de Darius III, ainsi que Parysatis, fille d'Artaxerxès III[13].

Rôle durant les guerres des Diadoques

Après la mort d'Alexandre en 323 av. J.-C., Roxane s'allie avec la reine-mère Olympias contre Philippe III et son épouse Eurydice, puis se place sous la protection de Polyperchon, successeur d'Antipater à la régence de Macédoine. Elle se réfugie avec son fils dans Pydna pour échapper à Cassandre[14]. Après la prise de cette ville et le meurtre d'Olympias en 316 av. J.-C., elle est enfermée avec son fils dans la citadelle d'Amphipolis[15]. Cassandre, « stratège d'Europe » depuis le traité de paix de 311, les fait mettre à mort en 310.

Dans l'art et la culture

Notes et références

  1. Athénée de Naucratis, Les Deipnosophistes, XIII, 89.
  2. Quinte-Curce, VIII, 4, 23.
  3. Arrien, IV, 7.
  4. Strabon, IX, 11, 4 (517 C) ; Diodore, XVIII, 3 ; Plutarque, Alexandre, 47 ; Sur la Fortune d'Alexandre, I, 11 ; Arrien, IV, 19, 5 ; Quinte-Curce, VIII, 4, 23 sqq. ; Justin, XII, 15, 9 et XIII, 2, 5 et 9.
  5. Pierre Briant, Alexandre le Grand, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , p. 85-116.
  6. Renard et Servais 1955, p. 30.
  7. Épitomé de Metz, 70.
  8. Heckel 2006, p. 242.
  9. Quinte-Curce, L'Histoire d'Alexandre le Grand [lire en ligne], X, 6, 9.
  10. Diodore, XVIII, 2, 4 ; Justin, XIII, 4.
  11. Faure 1985, p. 184.
  12. Renard et Servais 1955, p. 29.
  13. Arrien, Anabase, VII, 4, 4-8.
  14. Diodore, XIX, 11.
  15. Diodore, XIX, 16.
  16. « Ancient Empires (TV Mini Series 2023– ) - IMDb » (consulté le )

Annexes

Sources antiques

Bibliographie

  • Paul Faure, Alexandre, Fayard, , 578 p. (ISBN 978-2-213-01627-6).
  • Marcel Renard et Jean Servais, « À propos du mariage d’Alexandre et de Roxane », L’Antiquité classique, t. 24, , p. 29-50 (lire en ligne).
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (ISBN 2-02-060387-X).
  • (en) Waldemar Heckel, Who's who in the age of Alexander the Great : A prosopography of Alexander's empire, Oxford, Blackwell Publishing, , 389 p. (ISBN 1-4051-1210-7)

Articles connexes

Liens externes

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