Marie Duplessis
Alphonsine Plessis, comtesse de Perregaux, dite Marie Duplessis, est une célèbre courtisane française, née le à Nonant-le-Pin (Orne) et morte le à Paris.

Naissance | |
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Décès |
(à 23 ans) Boulevard de la Madeleine (1er arrondissement de Paris, France) |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Rose-Alphonsine Plessis |
Nationalité | |
Activité | |
Conjoint |

Elle inspira à Alexandre Dumas (fils) le personnage de Marguerite Gautier dans La Dame aux camélias.
Nombre de faits connus au sujet d’Alphonsine Plessis sont mélangés aux légendes contemporaines et au personnage littéraire auquel elle a donné naissance.
Biographie
Rose Alphonsine Plessis naît le [1] à Nonant, bourg rural de l'Orne. Elle est la fille de Marin Plessis, colporteur, et de son épouse, Marie Deshayes.
L’enfance et la première jeunesse d’Alphonsine Plessis sont marquées par une extrême pauvreté, celle-ci devant travailler très jeune comme servante d’hôtel à Exmes, puis dans une fabrique de parapluie à Gacé. Montée à Paris à l’âge de 15 ans, elle travaille d’abord comme blanchisseuse et chapelière jusqu’à ce qu’elle devienne la maîtresse d’un riche commerçant qui l'installe chez lui. Cette jeune femme extrêmement attirante au sourire enchanteur, dont la beauté inhabituelle, l’élégance et le style feront la célébrité, devient rapidement, à peine âgée de 16 ans, la courtisane la plus convoitée et la plus onéreuse de Paris.
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Dans le portrait d’elle donné par Alexandre Dumas fils dans son roman La Dame aux camélias, elle serait « Grande et mince jusqu'à l'exagération, [...] La tête, une merveille, était l'objet d'une coquetterie particulière. [...] Dans un ovale d'une grâce indescriptible, mettez deux yeux noirs surmontés de sourcils d'un arc si pur qu'il semblait peint ; voilez ces yeux de grands cils, qui, lorsqu'ils s'abaissaient, jetaient de l'ombre sur la teinte rose de ses joues ; tracez un nez fin, droit, spirituel, aux narines un peu ouvertes par une aspiration ardente de la vie sensuelle ; dessinez une bouche régulière, dont les lèvres s'ouvraient gracieusement sur des dents blanches comme du lait ; colorez la peau de ce velouté qui couvre les pêches qu'aucune main n'a touchées, et vous aurez l'ensemble de cette charmante tête. » (p. 11-12 de l'édition H. Piazza, 1935). Elle apprend alors à lire et écrire, s'initie au piano, et finit par être considérée comme extrêmement vive et cultivée, capable de converser sur tous les sujets, les hommes riches en vue étant disposés à lui accorder une aide financière régulière en échange de sa compagnie dans leur vie sociale et privée. Le peintre Édouard Viénot fait son portrait[2].
Elle se met alors à tenir un salon fréquenté par les écrivains et les politiciens en vue. Elle se montre au bois de Boulogne et à l’opéra. Elle modifie également son nom, ajoutant un « du » à son patronyme pour sonner plus noble et abandonnant le prénom Alphonsine pour celui de Marie[3].
Durant sa courte vie, Marie Duplessis fut célèbre pour sa réputation de discrétion, d’intelligence et d’amoureuse pleine d’esprit. Nul de ceux l’approchant pour la première fois n’aurait pu penser être en compagnie d'une courtisane. Elle est, pour ces raisons, restée populaire et dans les bonnes grâces de plusieurs de ses bienfaiteurs même après la fin de leur liaison. Elle fut ainsi la maîtresse de l'écrivain Alexandre Dumas fils de à . Ensuite, elle est censée être devenue la maîtresse du compositeur Franz Liszt, qui a affirmé plus tard lui avoir offert de vivre avec elle[4].

Devenue la maîtresse du comte Édouard de Perregaux (1815-1898), fils d'Alphonse Perregaux, petit-fils du financier de l’Empire Jean-Frédéric Perregaux, elle l’épouse le à Londres[5]. Sincèrement épris, le vicomte a 30 ans et elle 22. Cependant, le mariage ne semble pas convenir à cette « courtisane » car Marie, devenue comtesse de Perregaux, retourne en France où elle s’abîme dans une vie de plus en plus agitée et dissipée en dépit de la phtisie qui la consume.
Moins d’un an plus tard, le [6], elle s’éteint dans son logement du 11, boulevard de la Madeleine, complètement ruinée et abandonnée de tous, sauf de deux de ses anciens amants, le comte Gustav von Stackelberg et le comte de Perregaux, restés à ses côtés. Indigente, elle est inhumée dans un premier temps dans une fosse commune du cimetière du Nord. Cependant, son mari, le comte de Perregaux, la fait exhumer le 16 février suivant pour lui assurer des funérailles décentes[7].
Pauvre fille ! on m’a dit qu’à votre heure dernière,
Un seul homme était là pour vous fermer les yeux,
Et que, sur le chemin qui mène au cimetière,
Vos amis d’autrefois étaient réduits à deux !
— Alexandre Dumas fils
En réalité, les chaises de l’église de la Madeleine où eurent lieu les obsèques religieuses avaient été louées par vingt personnes environ. Toujours est-il que sa translation au cimetière de Montmartre, où elle repose dans une petite tombe, toujours fleurie, ornée de ces mots « Ici repose Alphonsine Plessis », passe pour avoir été somptueuse avec des centaines de personnes présentes.
Postérité
Théophile Gautier et Jules Janin ont fait son éloge, mais le plus beau et le plus touchant est sans doute celui du compositeur Franz Liszt qui a dit une fois :
« Lorsque je pense à la pauvre Marie Duplessis, la corde mystérieuse d’une élégie antique résonne dans mon cœur. »
Lors de la vente aux enchères de ses biens pour défrayer ses dettes, toute la bonne et moins bonne société de Paris se retrouva parmi les acheteurs tentant de s’arracher ses possessions.
Moins d’un an plus tard, Alexandre Dumas fils lui rend hommage avec sa Dame aux camélias, dont il disait « n’ayant pas encore l’âge où l’on invente, je me contente de raconter » ; il y narre sa relation, sous le nom d’« Armand Duval » avec Marie Duplessis dépeinte sous les traits de « Marguerite Gautier ». De ce roman, il fait ensuite une pièce qui sera jouée en . L’année suivante, Verdi crée, d’après cette pièce, le célèbre opéra La traviata, où il représente Marie sous le nom de « Violetta Valery ».
Sacha Guitry écrit une pièce de théâtre où elle est un personnage principal, Deburau, créée en 1918, reprise sous forme d'un film de même titre en 1951.
Le roman de Dumas fils ou l'histoire sont adaptés à plusieurs reprises au cinéma. En 1936, George Cukor réalise Camille, sorti en France sous le titre Le Roman de Marguerite Gautier. Marguerite Gautier est interprétée par Greta Garbo et Armand Duval par Robert Taylor. Par la suite, le réalisateur Baz Lhurmann s'en inspire pour créer le film musical : Moulin Rouge où Nicole Kidman tient le rôle de Marie Duplessis, sous le nom de « Satine », et Ewan McGregor celui d'Alexandre Dumas fils sous le nom de « Christian ».
En 1981, le cinéaste italien Mauro Bolognini délaisse l'œuvre écrite pour s'attacher à la réalité historique en mettant en scène Isabelle Huppert dans le rôle d'Alphonsine Plessis pour sa version de La Dame aux camélias avec Mario Maranzana (en) et Fabrizio Bentivoglio dans les rôles respectifs d'Alexandre Dumas père et fils.
Notes et références
- Acte de naissance d'Alphonsine Plessis, Registre des naissances de la commune de Nonant (An XI-1824), cote 3E2 310 3, Archives départementales de l'Orne, 226 p. (lire en ligne), p. 213
- (en) State University College at Fredonia New York. Dept. of Foreign Languages, Nineteenth-Century French Studies, vol. 2-3, (lire en ligne), p. 86.
- Sa mère Marie Deshayes est originaire de Saint-Germain-de-Clairefeuille.
- (en) James Huneker, Franz Liszt, BoD – Books on Demand, , 248 p. (ISBN 978-3-75233-22-09, lire en ligne), p. 26.
- Petite illustration, vol. 341-353, L'Illustration, (lire en ligne), p. 387.
- Acte de décès d'Alphonsine Plessis, Actes de l'état-civil reconstitué de Paris (03/02/1847), cote 5Mi1 1351, Archives de Paris, 51 p. (lire en ligne), p. 30
- Jean-Marie Choulet (préf. Leontina Vaduva), Promenades à Paris et en Normandie avec la Dame aux Camélias : d'Alphonsine Plessis à la Traviata, Condé-sur-Noireau, C. Corlet, , 221 p. (lire en ligne), p. 25
Voir aussi
Articles connexes
- Adaptations dans la littérature (romans, théâtre) et la danse La Dame aux camélias
- L'opéra La traviata
Liens externes
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