Kappa Ursae Majoris
Kappa Ursae Majoris (κ UMa / κ Ursae Majoris), dans la Désignation de Bayer est une étoile binaire de la constellation de la Grande Ourse. Elle est à environ 423 années-lumière de la Terre. Les deux composantes de l'étoile binaire sont des étoiles blanches de la séquence principale de type A. Leurs magnitude apparentes sont de +4,2 et de +4,4, ce qui donne au système une magnitude apparente combinée de +3,57. La période orbitale de la binaire est de 36 ou de 74 ans, et les deux étoiles sont distantes de 0,13 arcseconde.
Ascension droite | 09h 03m 37,5s |
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Déclinaison | +47° 09′ 24″ |
Constellation | Grande Ourse |
Magnitude apparente | +3,57 |
Localisation dans la constellation : Grande Ourse ![]() ![]() |
Type spectral | A0IV-V + A0V |
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Distance |
423 ± 46 al (130 ± 14 pc) |
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Désignations
Nomenclature, histoire et mythologie
Alkaphrah est aujourd’hui le nom approuvé pour κ UMa par l’Union astronomique internationale (UAI)[2]. C’est un terme qui vient de l’arabe mais qui exige que l’on s’y prenne en deux temps.
Au départ, nous avons l’arabe الفزة al-Qafza’, « le Saut »[3],[4], plus précisément en l’occurrence الثانية القفزة al-Qafzat al- Ṯāliṯa, « le Troisième Saut », qui en peut se comprendre que si l’on se réfère à la série des الظباء قفزات Qafzāt al-Ẓibā’, « les Sauts de Gazelles », dans le ciel arabe traditionnel, tel qu’il est décrit par ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī (964).

On nomme ainsi, selon lui, les six étoiles situées sur les trois pieds de l’Ourse touchant le sol : νξ UMa est al-Ūla, soit « le Premier [Saut]», λμ UMa al-Ṯāniyya, « le Second », et ικ UMa « le Troisième », ce qui nous mène à notre étoile, soit κ UMa, chaque « Saut » ressemblant à la trace du pied fendu des gazelles, et, toujours al-Ṣūfī donne à ce propos ce dicton arabe[5],[6] :
« Les Gazelles sautèrent lorsque le Lion frappa la terre de sa queue. »
Le nom arabe الثانية القفزة al-Qafzat al- Ṯāliṯa, « le Troisième Saut », est à l’origine de deux appellations pour cette étoile, qui résultent de la troncation de ce nom :
- Talitha Australis. On trouve Talitha, pour ι UMa chez Richard Hinckley Allen [7], ce qui a autorisé Julius D. W. Staal, désormais repris par plusieurs catalogues sur la toile, de désigne les deux étoiles du couple ικ UMa par leur position : ι UMa de Borealis et κ UMa d’Australis[8],[9]
- El Kaphzah. À partir de Thomas Hyde (1665) qui transcrit ‘AlKáphza’ Prima le nom donné pour νξ UMa dans le Catalogue d’al-Tīzīnī[10]. édité en complément des زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437)[11], le philologue Friedrich Wilhelm Lach écrit notamment ‘el-kaphzah’ pour λμ UMa et νξ UMa, mais en oubliant ικ UMa[12], ce dont s’empare Johann Elert Bode pour affecter le nom El Kaphzah pour le couple ικ UMa dans son Uranographia (1801) [13].
Alkaphrah, qui reprend la transcription de Thomas Hyde en substituant un /r/ au /z/ de ‘AlKáphza’, ignoré par Richard Hinckley Allen (1899), est relevé dans New Standard Dictionary de Funck & Wagenalls en 1947, et dans le Webster, International Dictionary de 1949 par Paul Kunitzsch (1959)[14],[15].
Notes et références
- (en) * kap UMa -- Double or multiple star sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
- (en) UAI, « Star Names », 2021. »
- Paul Kunitzsch, Untersuchungen zur Sternnomenklatur der Araber, Wiesbaden : O. Harrassowitz, 1961, pp. 90-91.
- Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, pp. 112-113.
- (ar) ᶜAbd al-Raḥmān Abū l-Ḥusayn b. ᶜUmar al-Ṣūfī, « Kitāb Ṣuwar al-kawākib al-ṯābita, 960, ms. arabe 5036 : Copie anonyme et non datée réalisée pour Zāhir al-Dīn Ulūġ Beg Kūrakan, petit-fils de Tamerlan, probablement à Samarqand, ca., 1430-1449, fol. 27r. »
- (ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, pp. 58-59 (fr.), p. 60 (ar.).
- (en) Richard Hinckley Allen, « ''Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 443. »
- Julius D. W. Staal, The New Patterns in the Sky, Blackburg (Va.) : McDonald & Woodward Publishing Company, 1988, p .122.
- Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 147.
- Roland Laffitte, Le ciel des Arabes..., op. cit., p. 180.
- (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, Gadwal… (1533), p. 82. »
- (de) Friedrich Wilhelm Lach, « « Beitrag zur orientalischen Sternkunde », in Algemeine Bibliotek der biblischen Litteratur, Bd. VII, Stück 4, 577-651, Leipzig : Weidmann, 1796, p. 400. »
- (la) Johann Elert Bode, Uranographia, sive astrorum descriptio viginti tabulis aeneis incisa ex recentissimis et absolutissimis astronomorum observationibus, Berlin : apud autorem, 1801, pl. VI.
- Paul Kunitzszch, Arabische Sternnamen in Europa, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1959, pp. 24-125.
- Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 148.
Liens externes
- (en) Kappa Ursae Majoris sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
- (en) James B. Kaler, « Kappa Ursae Majoris », sur Stars
- (en) Bright Star Catalogue, « HR 3594 », sur Alcyone
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