Chien viverrin
Nyctereutes procyonoides

Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Cohorte | Placentalia |
Ordre | Carnivora |
Sous-ordre | Caniformia |
Famille | Canidae |
Genre | Nyctereutes |
Le chien viverrin (Nyctereutes procyonoides) également connu sous le nom japonais de tanuki, est une espèce de mammifères carnivores qui appartient à la famille des canidés. Il est caractérisé au sein de cette famille comme étant le seul représentant à hiberner[1],[2],[3],[4]. C'est la seule espèce actuelle du genre Nyctereutes.
Originaire de l'Asie de l'Est, le chien viverrin a été élevé intensivement pour sa fourrure en Europe et en Russie notamment pendant le XXe siècle. Des spécimens se sont échappés ou ont été introduits pour augmenter la production et ont formé depuis des populations dans l'Europe de l'Est. Il est actuellement en pleine expansion dans le reste de l'Europe, où sa présence est indésirable car il est considéré comme une espèce nuisible et invasive, et source de problèmes de santé publique en tant qu'espèce porteuse de la rage[5].
Le chien viverrin est également très présent dans la culture populaire par l'intermédiaire des bandes dessinées, dessins animés et jeux vidéo japonais, dans lesquels il est représenté avec le renard et le chat, comme un animal doté de pouvoirs magiques comme la métamorphose.
Caractéristiques
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Le chien viverrin est un genre de canidé généralement caractérisé par un corps longiligne, des membres courts et un masque facial sombre le faisant ressembler au raton laveur. Ce masque facial est interrompu entre les deux yeux. Sa queue courte est de couleur unie avec une extrémité plus foncée.
Le crâne du chien viverrin ressemble beaucoup à celui des renards d'Amérique du Sud, en particulier du Renard des savanes, des études génétiques ont toutefois révélé qu'ils ne sont pas étroitement apparentés[6]. Leur crâne est petit mais massif et un peu allongé, avec des arcades zygomatiques étroites. Les saillies du crâne sont bien développées, la crête sagittale étant particulièrement proéminente chez les animaux âgés.

Étant omnivores, les chiens viverrins ont des canines et des carnassières peu développées, des molaires plates et des intestins relativement longs (1,5 à 2 fois plus longs que ceux des autres canidés). Leur torse est long et leurs pattes courtes. Leur longueur totale varie de 45 à 71 cm. La queue, longue de 12 à 18 cm, est courte et représente moins d'un tiers de la longueur totale de l'animal. Elle pend sans toucher le sol. Les oreilles sont courtes et ne dépassent que légèrement de la fourrure.
Le poids varie en fonction de la saison : ils pèsent autour de 3 kg en mars, tandis qu'en août et début septembre les mâles pèsent en moyenne 6,5 à 7 kg, certains individus atteignant un poids maximal de 9 à 10 kg[7].
La couleur de la fourrure du chien viverrin varie selon les populations et des individus, mais elle est généralement d'une couleur brune ou gris brunâtre avec des poils de garde noirs. La queue est plus foncée que le torse. Une bande sombre est présente sur le dos, qui s'élargit sur les épaules, formant une forme de croix. L'abdomen est brun jaunâtre, tandis que la poitrine est brun foncé ou noirâtre. La face est couverte de poils courts, dont la longueur et la quantité augmentent derrière les yeux. Les joues sont couvertes de longs poils. La fourrure d'été est plus brillante et d'une couleur paille rougeâtre[8].
Le chien viverrin dispose également de variantes unies, beiges voire complètement blanches, induites naturellement par l’albinisme chez certaines populations sauvages au Japon[9], ou bien par le leucisme plus généralement chez les individus issus d’élevages comme en Chine[10]. La fourrure du chien viverrin s'allonge et s'épaissit en hiver, avec un sous-poil dense et des poils de garde grossiers mesurant 120 mm de long. La fourrure d'hiver protège les chiens viverrins des basses températures jusqu'à −20 à −25 °C.
Écologie
Habitudes
Le chien viverrin a des mœurs essentiellement nocturnes. Il a une mauvaise vue et une ouïe limitée. Pour chasser, il utilise son odorat surdéveloppé et fouille le sol de droite à gauche à la recherche d’aliments qui lui sont aisément accessibles. Le chien viverrin peut coloniser de nombreux environnements différents, allant des plaines, en passant par les forêts mixtes[11], mais a tendance à préférer les zones humides ; La nature de l’habitat peut changer selon la saison, le cycle de vie, ou encore selon la sous-espèce : Les chiens viverrins de Chine et de l’île principale de Honshu au Japon apprécient les zones boisées, tandis que les chiens viverrins d’Ussuri apprécient surtout les zones ouvertes[12],[13].
En journée, il niche dans des souches d’arbres, des terriers d’autres animaux comme ceux du blaireau, mais aussi à proximité des habitations humaines comme des granges, des vieilles maisons abandonnées ou des canalisations. Il peut parfois se retrouver dans les infrastructures humaines, que ce soit les terres cultivées, les forêts artificielles, les zones industrielles, mais aussi à proximité voire au beau milieu des grandes villes dans les parcs et les espaces verts[14].
Durant l'automne, le poids du chien viverrin augmente considérablement, car en hiver, l'animal peut entrer dans un état semblable à une hibernation, réduisant leurs réserves de graisses et diminuant d’un quart leur métabolisme. Cette forme d’Hibernation est bien différente d'autres animaux comme l'ours brun, elle est moins profonde, n’est pas systématique et est conditionnée par une température égale ou inférieure a −5 °C mais aussi par l’impact des tempêtes et des fortes chutes de neige sur leur environnements[15]. Toutefois, ils cessent cette activité pour reprendre leurs habitudes dès le mois de février, lorsque les femelles deviennent réceptives, lorsque la nourriture redevient disponible, mais aussi dans l’optique de se réveiller avant la fin de l’hibernation des blaireaux, afin de minimiser les interactions avec eux. Pour marquer son territoire, il installe des latrines sur son lieu de vie pour y déposer ses déjections [16] et marque les lieux de ses glandes annales réputées pour produire une odeur très forte et nauséabonde. Contrairement à d’autres canidés, c’est un animal qui vocalise peu, il émet des glapissements semblables à ceux du renard, mais avec une intensité plus faible. Pour communiquer avec ses congénères, il peut émettre des sons semblables à des plaintes ou à un chant mélancolique[17]. Lorsqu’il se sent menacé ou contrarié, tout comme de nombreuses espèces de renard, il bombe le dos pour paraître plus volumineux et pousse des grognements et des hurlements stridents[18].
Régime alimentaire
Le chien viverrin est avant tout un canidé omnivore opportuniste. Son régime alimentaire est extrêmement vaste et change considérablement en fonction son environnement, adaptant son alimentation selon la saison et la nature de son habitat. Il se nourrit, de fruits, de baies, de légumes, de céréales, de champignons, d’œufs, de mollusques, de crustacés, de charognes, d’excréments d’autres animaux et de déchets humains. Mais il peut aussi prédater sa nourriture, comme des insectes, des poissons, des amphibiens dont il digère le venin, des reptiles, des oiseaux et de petits mammifères[19],[20]. A cause de sa capacité à consommer une large gamme d’aliments, il menace la biodiversité européenne, notamment celle présente dans les environnement boisé et semi-aquatiques, relativement préservés des prédateurs jusqu’à lors, mettant en danger des espèces locales d’amphibien et d’oiseaux par exemple[21]. Il peut également causer des problèmes de prédation dans les cultures et les élevages.
Cycle de vie
Au début de l’automne, les jeunes mâles, tout juste devenus adultes, partent en quête d’une femelle pour se reproduire. Ils forment un couple monogame qui dure tout le long de leur existence. En captivité en revanche, les mâles ont un comportement plus polygame, pouvant s’accoupler avec jusqu’à cinq femelles. La période de reproduction débute début février. L’accouplement a lieu pendant la nuit, ou à l'aube, et dure généralement de 6 à 9 minutes[22]. L'estrus dure de quelques heures à six jours, au cours desquels les femelles peuvent s'accoupler jusqu'à cinq fois. Les femelles entrent à nouveau dans l'estrus après 20 à 24 jours, même pendant la gestation. La période de gestation dure de 61 à 70 jours, les petits naissant d'avril à mai. La taille de la portée se compose généralement de 6 à 8 individus, mais il arrive parfois que l’effectif soit plus élevé allant de 15 à 16 petits[15]. Le rôle actif du mâle dans l'élevage des jeunes est très important, au point d’avoir une incidence significative dans la dynamique de population de chiens viverrins[23]. À la naissance, les petits pèsent pèsent aux alentours de 80 g, ils sont aveugles recouverts d’un petit duvet de couleur foncé. Leurs yeux ne s'ouvrent qu’après 9 à 10 jours, les dents sortent après 14 à 16 jours. Après deux semaines, leur pelage s’éclaircit. Ils commencent à manger de la nourriture qui leur est apportée dès l'âge de trois semaines, mais ils continuent à boire le lait maternel durant 2 mois. A partir de la fin du mois d’août, les petits commencent à se séparer de leurs parents. Ils prendront leur taille définitive au bout de 4-5 mois. La maturité sexuelle est atteinte entre 8 et 10 mois. Leur longévité est en grande partie inconnue, bien que des animaux âgés d’environ 6-7 ans ont été rencontrés dans la nature et les spécimens détenus en captivité sont connus pour vivre une dizaine d’année, la prédation et les maladies sont d’autant de facteurs qui sont susceptibles de considérablement diminuer leur espérance de vie moyenne[15].
Répartition géographique

Origine
Originaire d'Extrême-Orient, jusqu'au début du XXe siècle son aire était limitée à l’Asie de l'Est et couvre la région de l’Amour-Oussouri en Russie, la Corée, la Chine orientale, la Mongolie, le Japon et le nord de l’Indochine.[réf. nécessaire][24],[25]
Introduction en ex-URSS
Entre 1928 et 1955, plus de 9 000 sujets ont été lâchés dans la partie européenne de l’ex-Union soviétique, en vue d’y augmenter la production de fourrures[5]. En effet, la fourrure de cet animal était très prisée et servait en particulier à produire des vêtements pour l'armée soviétique. Les premières introductions ont eu lieu en 1928 en Ukraine, suivies d'autres expériences d'introduction dans le milieu naturel, dans les régions européennes et quelques régions asiatiques de l’ancienne URSS, depuis la Carélie jusqu’en Moldavie en passant par la Baltique, la Biélorussie et l’Ukraine, ainsi que dans des secteurs de la Russie, le Caucase, le Kazakhstan et l’île de Sakhaline en Asie extrême-orientale. Dans les années 1940–1950, l'élevage du chien viverrin s'est intensifié en URSS, en particulier en raison des besoins importants de l'Armée rouge au cours de cette période. Des animaux échappés de ces élevages sont alors venus renforcer les populations sauvages. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les besoins en fourrure n'étant plus si importants, de nombreux élevages ont fermé, et les animaux furent relâchés. Plus de 9 000 animaux furent relâchés entre 1948 et 1955[26].
Expansion en Europe

L’espèce connut alors une rapide expansion vers le nord, le centre, et l’ouest de l’Europe. Les premiers spécimens observés dans les pays limitrophes l'ont été en Finlande, au milieu des années 1930. L'animal a ensuite colonisé l'Europe de l'Ouest.
Entre 1935 et 1984, le chien viverrin a colonisé 1,4 million de kilomètres carrés de territoire[27]. Il est jugé fréquent dans les régions situées en Russie, dans le sud de la Finlande, en Estonie, en Lettonie, en Lituanie, en Biélorussie, en Ukraine, en Moldavie, dans le nord et l’est de la Pologne, et dans l’est de la Roumanie. Son expansion s'est ralentie dans les années 1970, en raison du manque d’habitats appropriés et du fait également d'un taux de mortalité élevé (chasse, capture et accident avec des automobiles). Au cours des années 1990, un regain d’expansion a été enregistré en Allemagne, mis en évidence par une augmentation très sensible du nombre d'animaux tués par les chasseurs[24] :
Saison de chasse | Nombre d'animaux tués |
---|---|
1991/1992 | 12 |
1994/1995 | 204 |
1997/1998 | 1 735 |
2000/2001 | 7 161 |
2003/2004 | 18 634 |
Le chien viverrin est interdit à la vente depuis 2019 en Grande-Bretagne car de nombreux individus peu dociles ont été abandonnés dans la nature sur l'île et maintenant, en 2021, ils risquent de proliférer et d'envahir le Royaume-Uni[28].
Le chien viverrin est un réservoir de la rage, tout comme le renard ou le chien domestique, ce qui complique l'éradication de la maladie en Europe de l'Est[5].
Maladies et parasites
Coronavirus
Un virus similaire au SARS-CoV a été isolé chez des civettes palmistes à masque (Paguma larvata), un chien viverrin et des humains travaillant dans un marché d'animaux vivants à Guangdong, en Chine, en mai 2003[29].
On pensait à l'origine que les chiens viverrins, ainsi que les civettes palmistes masquées, étaient des espèces-réservoirs du coronavirus lié au syndrome respiratoire aigu sévère, mais des analyses génétiques ont depuis attribué ce statut aux chauve-souris[30]. Les chiens viverrins n'étaient probablement que des hôtes transitoires accidentels[31].
Selon le virologue allemand Christian Drosten, le chien viverrin est l'hôte intermédiaire le plus probable pour la transmission du SRAS-CoV-1 et du SRAS-CoV-2 à l'homme, les chiens viverrins étant élevés en Chine pour leur fourrure[32],[33],[34].
Le marché d'animaux vivants de Wuhan a été l'un des premiers lieux de transmission du Covid-19 et, avant même la pandémie, l'endroit a été identifié comme un site favorable aux zoonoses (maladies transmises à l'homme par d'autres espèces). Des échantillons prélevés sur le marché au début de l'année 2020 ont révélé des niveaux élevés de SARS-CoV-2 et de matériel génétique de chien viverrin[35] (souvent les deux dans les mêmes échantillons), en particulier dans un stand (Stall 29) qui gardait une cage de chiens viverrins au-dessus d'une cage contenant des volailles, conditions optimales pour que le virus franchisse la barrière interspécifique. L'existence d'un tel étal a été contestée par les autorités chinoises[36],[37]. L'étal avait été photographié en 2014 par Edward C. Holmes, un virologue australien qui a visité le marché alors qu'il travaillait avec des chercheurs locaux et qu'il était professeur invité au Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CCDC) de 2014 à 2020. Il avait également été filmé par un habitant en décembre 2019 et posté sur Weibo[38],[39],[37]. Dans l'absolu, les chiens viverrins attrapent et propagent facilement le Covid-19[39].
Le marché était fermé le 1er janvier[36] et les animaux avaient été retirés avant l'arrivée des autorités de santé publique du CCDC[37],[39]. Bien que les échantillons ne prouvent pas complètement que le chien viverrin soit l'hôte intermédiaire « manquant » dans la chaîne de transmission de la chauve-souris à l'homme, ils montrent que des chiens viverrins étaient présents sur le marché de Wuhan au moment de la flambée initiale de SRAS-CoV-2, dans des zones également positives à l'ARN du SRAS-CoV-2, et renforcent considérablement cette hypothèse en tant qu'origine proximale de la pandémie[38],[39].
Certains chercheurs chinois ont publié une analyse préliminaire de ces échantillons en février 2022, concluant que le coronavirus présent dans les échantillons avait probablement été introduit par des humains et non par les animaux en vente[39], mais des omissions dans l'analyse ont soulevé des questions[36] et les données brutes des échantillons n'avaient pas encore été publiées[39],[38]. Comme les revues universitaires exigent souvent que les données brutes soient publiées avant d'être examinées, les universitaires s'attendaient à la publication des données brutes derrière l'article préliminaire[36]. Aucune donnée génétique brute n'avait auparavant été accessible aux universitaires ne travaillant pas dans des institutions chinoises, jusqu'à ce que les séquences génétiques de certains prélèvements effectués sur le marché soient téléchargées dans une base de données internationale[38],[39]. Florence Débarre, chercheuse au CNRS, est tombée sur les échantillons le [38] et les a portés à l'attention d'autres scientifiques. Une équipe internationale de chercheurs s'est réunie pour analyser les nouvelles données, mais lorsqu'elle a pris contact avec les chercheurs chinois[38] du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies qui avaient téléchargé les données[39], elle n'a reçu aucune réponse et les échantillons ont été retirés de la base de données publique par les auteurs du téléchargement. L'analyse des séquences téléchargées se poursuit sans la collaboration de la Chine depuis le [38]. Le , le groupe de chercheurs a présenté une analyse préliminaire lors d'une réunion du Scientific Advisory Group for Origins of Novel Pathogens (SAGO) de l'Organisation mondiale de la santé, à laquelle plusieurs des chercheurs chinois étaient présents. Peu de temps après, des changements dans le statut de la préimpression ont suggéré qu'elle était désormais en cours d'examen en vue d'une publication imprimée[39]. L'équipe de recherche s'est félicitée de cette décision et a espéré que l'article de l'équipe chinoise serait révisé pour inclure les données génétiques complètes, précisant qu'elle publierait également une analyse et qu'elle espérait qu'en tant que scientifiques, ils travailleraient ensemble sur ces questions[36].
Le New York Times n'a pas été en mesure de joindre les scientifiques chinois pour un commentaire le [38], mais George Gao, l'ancien directeur du CCDC et auteur principal de l'article publié en février 2022, a déclaré à Science qu'il n'y avait « rien de nouveau » dans les données brutes et a refusé de répondre aux questions sur les raisons pour lesquelles son équipe de recherche les avait retirées de la base de données[36]. Le , le directeur général de l'OMS a déclaré que les données auraient dû être partagées trois ans plus tôt et a appelé la Chine à faire preuve de plus de transparence dans le partage des données scientifiques[39]. D'autres données provenant d'autres échantillons n'ont pas encore été rendues publiques[38]. Maria Van Kerkhove, responsable du projet Covid-19 à l'OMS, a demandé qu'elles soient rendues publiques immédiatement[39].
Le gouvernement chinois a longtemps avancé que le virus n'était pas d'origine chinoise[39] et, jusqu'en juin 2021, a nié que des animaux vivants avaient été commercialisés sur le marché de Wuhan[36].
Relation avec l'homme
Espèce envahissante
En Europe, le Chien viverrin est inscrit depuis 2019 dans la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne[40]. Cela signifie que cette espèce ne doit pas être importée, élevée, transportée, commercialisée, ou libérée intentionnellement dans la nature, et ce nulle part dans l’Union européenne[41]. Il est également interdit de le maintenir en captivité[42].
Par ailleurs, les États membres ont l’obligation de surveiller et d’éradiquer les populations présentes dans la nature ou, si c’est irréalisable, de mettre en place des mesures de gestion efficaces pour limiter leur dispersion et réduire au minimum leurs effets néfastes.
Exploitation de la fourrure du chien viverrin

La fourrure du chien viverrin est très demandée pour sa qualité et l'animal est intensivement chassé au Japon où il représente 11 % des animaux tués[43]. En Russie, l'élevage de chiens viverrins pour leur fourrure a commencé en 1928. À partir des années 1940, on leur a préféré l'élevage de renards roux, plus chers[8]. Une étude de 2004 montre que l'élevage de chiens viverrins pour leur fourrure atteignait 1,5 million d'animaux[44].
En 2011, une vidéo de la Fondation Brigitte-Bardot[45] montre de mauvaises conditions de production de fourrure de chiens viverrins ; vidéo qui marque l'opinion publique[réf. nécessaire], sans provoquer de réaction notable des pouvoirs publics.
En Europe, la fourrure de chien viverrin n'est pas illégale car au sens du droit européen, il n'est pas classé comme un chien (l'espèce Nyctereutes procynoides est seulement un canidé, mais ne fait pas partie du genre Canis). Les associations de défense des animaux ont montré qu'on retrouve facilement de la fourrure de chien viverrin en Europe, notamment dans les boutiques de mode de Londres, ou sous forme d'objets de décoration étiquetés fausse fourrure[46]. Parfois, les marques utilisent sur les étiquettes une appellation volontairement inexacte, mal traduite ou tronquée, comme « raton-laveur » ou en anglais « raccoon » alors que le chien viverrin se nomme « raccoon dog » dans cette langue, pour éviter les refus d’achat qu’induirait l’association avec le chien[47].
En Chine, d'après Reporterre, le nombre de chiens viverrins d'élevage est estimé entre cinq et dix millions d'individus en 2020[48].
Au Japon
Le tanuki est, dans la mythologie japonaise, l'un des yōkai (esprits) de la forêt, inspiré du chien viverrin auquel les Japonais attribuent des pouvoirs magiques. Maître des déguisements, il est réputé pouvoir changer de forme à volonté. Les tanukis sont souvent représentés avec un chapeau de paille, une gourde de saké[42], un ventre rebondi qu'ils utilisent comme un tambour et des testicules de grande taille[42]. Symbole de chance et de prospérité, ils sont présents dans l'art et les contes japonais depuis le Moyen Âge.
Cette importance culturelle a donné lieu à de nombreuses représentations de cet animal dans les arts japonais : ainsi il a été particulièrement popularisé par le jeu vidéo à succès Super Mario Bros 3, dans lequel Mario a la capacité de se transformer en tanuki[42], lui permettant de voler et de se changer en pierre. L'espèce est l'héroïne du film Pompoko, film d'animation japonais d'Isao Takahata, produit par le studio Ghibli, où les tanukis apprennent à maîtriser l'art des transformations et déguisements.
Notes et références
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- Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides), sur ManimalWorld.
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- [PDF]The Gory Fur Trail from China to the UK, Care for the Wild.
- [PDF]Fermes à fourrure : visons d’horreur, Libération, 9 novembre 2017.
- « Les élevages de visons en Chine à l'origine du Covid-19 ? Les indices s'accumulent. »
Bibliographie
- Marie-José Duchêne et Marc Artois, Les carnivores introduits: chien viverrin et raton laveur, SFEPM, 1988 (ISBN 978-2905216144)
Annexes
Article connexe
Références taxonomiques
- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Nyctereutes procyonoides (Gray, 1834)
- (en) Référence Catalogue of Life : Nyctereutes procyonoides (Gray, 1834) (consulté le )
- (en) Référence Fauna Europaea : Nyctereutes procyonoides (Gray, 1834) (consulté le )
- (fr + en) Référence ITIS : Nyctereutes procyonoides (Gray, 1834)
- (en) Référence Animal Diversity Web : Nyctereutes procyonoides
- (en) Référence NCBI : Nyctereutes procyonoides (Gray, 1834) (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : espèce Nyctereutes procyonoides (consulté le )
- (fr) Référence INPN : Nyctereutes procyonoides (Gray, 1834) (TAXREF)
Lien externe
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