Bibliothèque de Sciences Po

La bibliothèque de Sciences Po est la bibliothèque de la Fondation nationale des sciences politiques et de l'Institut d'études politiques de Paris. Elle est fondée par Émile Boutmy dès la création de l'École libre des sciences politiques en 1871.

Salles de lecture 27, rue Saint Guillaume.
Le bâtiment du 30, rue Saint-Guillaume, Paris, dans les années 1990.

Histoire

Genèse et création (1871-1872)

La bibliothèque de Sciences Po est créée en 1871 par Emile Boutmy afin de servir de fonds documentaire pour les étudiants[1]. Elle est alors conçue par lui comme un « un complément nécessaire [des] cours ». Il commande de nombreux titres de presse français et étrangers[1]. Édouard André abonne l'école à la Gazette des beaux-arts. Boutmy signe des accords avec la Société de statistique, la Société de législation comparée et la Société de linguistique, qui transfèrent leurs collections à l'école de sciences politiques à condition que les salles de lecture soient ouvertes au public une à deux fois par semaine[2]. Il y a ainsi, aux débuts de l'école, trente-trois journaux de langue française différents, dix journaux anglais (dont The Economist), et des journaux allemands, suisses, autrichiens, belges, italiens, espagnols, russes et américains[3]. Lorsque l’École libre des sciences politiques loge toujours rue Taranne, l'utilisation de la bibliothèque coûte 30 francs aux élèves, et 50 aux extérieurs[2].

Développement et croissance (1873-1944)

En 1879, la bibliothèque contient 5 000 ouvrages[2].

Sa taille s'accroît lors de l'achat de l'hôtel de Mortemart au 27, rue Saint-Guillaume, et l'installation des étudiants en 1882. Afin de donner une place plus grande à la bibliothèque, l'école achète en 1886 l'hôtel d'Eaubonne, situé au 25, rue Saint-Guillaume, qui permet de l'agrandir[2]. La bibliothèque est alors ouverte de 10h à 22h en continu[2]. En 1892, elle contient 25 000 volumes et 160 journaux français et étrangers[1] ; elle continue de s'agrandir grâce au legs de 6 000 francs d'Henri Giffard[3]. Gérard Vincent rapporte que les caves sont aménagées et « constituent [alors] une réserve susceptible de contenir quarante cinq mille volumes »[2]. Elle s'accroît encore grâce au don d'une partie de sa bibliothèque par Eugène d'Eichthal, directeur de l'école, à sa mort en 1912[2].

Si un amphithéâtre est également créé dans l'hôtel d'Eaubonne, il est transformé en une extension de la bibliothèque à partir de 1934[1]. La bibliothèque est dirigée par Maurice Caudel entre 1901 et 1919[1]. Durant l'entre-deux-guerres, la bibliothèque passe de 80 à 250 places[4].

Refondation et modernisation (1945-2012)

Elle devient dès 1945 la première bibliothèque de sciences sociales d'Europe continentale, avec 65 000 ouvrages et 243 journaux scientifiques[1]. Afin d'accueillir une collection toujours croissante, la bibliothèque de l'hôtel d'Eaubonne est surélevée de deux étages en 1948[5]. En 1950, la Fondation Carnegie pour la paix internationale fait don de 12 000 volumes à la bibliothèque[1]. En 1964, la hauteur des plafonds est abaissée afin d'accueillir un nouvel étage intermédiaire[1].

La gestion des collections se professionnalise, et Jean Meyriat, également directeur-adjoint du Centre de recherches internationales (CERI), garde la direction de la bibliothèque de 1945 à 1990[1]. Il organise une vaste opération visant à répertorier tous les livres de la bibliothèque et à en créer un répertoire indiquant nom des auteurs et date de parution[6]. En 1970, la bibliothèque contient 400 000 titres et 4 000 revues[1].

Dans les années 1980, la bibliothèque est désignée par la Bibliothèque nationale de France pôle de référence en science administrative et politique[1].

En 2010, la bibliothèque du 27, rue Saint-Guillaume est entièrement repensée et baptisée du nom de René Rémond[1].

La bibliothèque aujourd'hui (2012-...)

Une deuxième bibliothèque ouvre sur le campus Saint-Thomas au 1, place Saint-Thomas-d'Aquin, dans l'hôtel de l'Artillerie, avec une bibliothèque générale de 167 places et une bibliothèque de recherche de 50 places[1]. En 2020, la bibliothèque dispose de plus d'un million de documents, 15 000 périodiques, et 38 000 revues en ligne[1].

En avril 2021 est créé le Département archives, issu des trois anciens services d'archives de Sciences Po (Archives d'histoire contemporaine du Centre d'histoire de Sciences Po, archives du CEVIPOF et mission archives) et rattaché à la Direction des ressources et de l'information scientifique (bibliothèque) de Sciences Po.

Description

C'est une des bibliothèques majeures dans le domaine des sciences sociales en Europe et elle est la bibliothèque de référence en science politique pour la France[7],[8].

Elle est aussi connue sous le nom de Direction des Ressources et de l'Information Scientifique (DRIS)[9] et sa mission principale est de soutenir l'enseignement et la recherche menés à Sciences Po, cependant, en tant que bibliothèque de recherche elle accueille également de nombreux lecteurs extérieurs français et internationaux dont les travaux justifient l'accès à ses collections.

Elle met à disposition de ses usagers des collections imprimées, numériques et audiovisuelles très variées : son fonds reflète l'ouverture internationale de l'institution avec 40 % des documents imprimés en français, 40 % en anglais et 20 % dans d'autres langues européennes[10].

La bibliothèque de Sciences Po est délégataire du groupement d'intérêt scientifique Collex et ses collections en sciences politiques en ont reçu le label. Elle est également pôle associé de la Bibliothèque Nationale de France[11]. Elle participe au réseau international LIBER et contribue activement à une meilleure diffusion et valorisation de la production scientifique grâce à l’archive ouverte de Sciences Po, qu'elle a créée, SPIRE.

La bibliothèque de Sciences Po compte deux sites à Paris (27 rue Saint-Guillaume et 1, place Saint-Thomas)[12] et 6 sites dans les campus en régions. Elle accueille 15 000 étudiants[13] qui totalisent plus de 5 000 visites par jour en période pédagogique dans les 11 salles de lecture sur le campus parisien[14]. Sur 25 km linéaires de rayonnages, elle conserve 1 000 000 de documents dont 650 000 livres et met à disposition de ses lecteurs une très grande variété de ressources numériques dont 480 000 e-books et 70 000 revues en ligne[14].

Direction

L'historienne Marie Scot dresse la liste suivante des directeurs officiels de la bibliothèque de Sciences Po[1] :

  • David Gallot (1872-1886)
  • Léon Poinsard (1887-1892)
  • Maurice Caudel (1893-1910)
  • Maurice Escoffier (1910-1919)
  • Pierre Rain (1919-1950)
  • Jean Meyriat (1950-1989)
  • Étienne Hustache (1992-1998)
  • François Reiner (1998-1999)
  • Joëlle Muller (1999-2004)
  • Michel Gardette (2004-2008)
  • François Cavalier (2008-2021)
  • Marc Martinez (depuis 2021)

Notes et références

  1. Marie Scot, Sciences Po, le roman vrai, Sciences Po, les presses, (ISBN 978-2-7246-3915-5)
  2. Gérard Vincent et Anne-Marie Dethomas, Sciences po: Histoire d'une réussite, Plon (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-259-26077-0, lire en ligne)
  3. Pierre RAIN, L'Ecole libre des sciences politiques, 1871-1945, Presses de Sciences Po, (ISBN 978-2-7246-8448-3, lire en ligne)
  4. Anne-Sophie Beauvais et Pascal Cauchy, Sciences Po pour les Nuls, edi8, (ISBN 978-2-412-02400-3, lire en ligne)
  5. Richard Descoings, Sciences Po: de la Courneuve à Shanghai, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, (ISBN 978-2-7246-0990-5, OCLC ocm86113501, lire en ligne)
  6. Gérard Vincent, Sciences Po: histoire d'une réussite, Orban, (ISBN 978-2-85565-387-7)
  7. « Les centres d'acquisition et de diffusion de l'information scientifique et technique et la politique documentaire du Ministère des universités », sur bbf.enssib.fr, (consulté le )
  8. « Bibliothèque de Sciences Po < CollEx - Persée » (consulté le )
  9. François Cavalier, « Une Direction des ressources et de l’information scientifique à Sciences Po », I2D – Information, données & documents, vol. me 52, no 1, , p. 11–11 (ISSN 2428-2111, lire en ligne, consulté le )
  10. « / Bibliothèque | Sciences Po », sur www.sciencespo.fr (consulté le )
  11. « Réseau des pôles associés de la BnF », sur bnf.fr,
  12. « Plans des salles de lecture | Sciences Po la bibliothèque », sur www.sciencespo.fr, (consulté le )
  13. « En un coup d'œil : les chiffres », sur Sciences Po (consulté le )
  14. « Nos collections - site web de la bibliothèque de Sciences Po », sur sciencespo.fr (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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