Armandata

Armandata ou Armandat du Pays de Labourd[1] (Lapurdiko Ermandadea en basque) est le nom porté par l'armée constituée par habitants de la province basque du Labourd à partir de l'an 1396, et ce jusqu'à sa suppression par la République française le 4 mars 1791.

Reposant sur le modèle du volontariat et constituée d'hommes libres, elle dénote du fait qu'il s'agit d'une milice rurale et paysanne et non pas une milice urbaine. Sa création est liée au contexte d'insécurité et géopolitique du Pays basque de la fin de l'époque médiévale. Son fonctionnement repose quant à lui sur les us et coutumes liés à la représentativité, droits et libertés des Basques, nommés les fors.

L'Armandata pourrait avoir été à l'origine du système représentatif plus tard adopté par la province, à savoir le Biltzar.

Étymologie

Mélange du basque Armada (armée) et du castillan Hermandad (ou confrérie), soit la Confrérie armée, ou la Petite Armée, du basque Armadatoa(petite troupe, petite armée).

Aux origines de la Confrérie armée

Inspirée par les Hermandades ou confréries des provinces basques voisines du Guipuscoa, de la Biscaye et de Navarre, les habitants du Labourd décident à la fin du XIVe siècle de s'unir formellement afin de lutter contre le brigandage et les rapines qui se multiplient dans le contexte de la guerre de Castille en Espagne et celui de la guerre de Cent Ans en France.

La province du Labourd est déjà frontalière puisque le Pays basque d'alors est déjà divisé entre non pas entre deux mais trois États: Navarre, Castille et Angleterre dont la province dépend.

Ce caractère frontalier et le jeu des vassalités fluctuantes entraîne de nombreuses incursions, raids et brigandages parmi les provinces. Ainsi les seigneurs et vassaux des différents royaumes n'hésitent pas à lancer des raids et des pillages avant de regagner leur terre, échappant ainsi à toute poursuite.

Le brigandage aussi se multiplie dans le contexte de la guerre de Cent Ans et des nombreux routiers et soldats démobilisés qui profitent la géographie boisée et montagneuse pour commettre leurs larcins. La présence de la route du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle ne fait qu'exacerber ces prédations.

En 1396, des représentants élus de la province du Labourd demandent donc officiellement au duc d'Aquitaine la reconnaissance des statuts de leur milice. C'est l'acte de création d'Armandata.

La nouvelle confrérie armée sera à son tour reconnue par le roi d'Angleterre Henri IV de Lancastre par un acte officiel à Westminster le [2]. Le souverain entérine les statuts de la confrérie et les confirme pour une durée de vingt ans, renouvelables.

Le rôle et le fonctionnement de la Confrérie

Ses statuts indiquent que tous les hommes de la provinces âgés de plus de 14 ans sont tenus d'y servir après avoir prêter le serment de la confrérie et juré d'en respecter les règles. Le contenu du serment nous est malheureusement perdu de nos jours. Les règlements et dispositions nous sont quant à eux parvenus.

Ainsi chaque membre se doit de se porter secours et assistance mutuellement.

Le rôle de l'Armandata recouvre les fonctions de police et d'armée de défense. Chargée de lutter contre les criminels, elle peut également faire appliquer la justice contre les contrevenants. Cette prérogative s'explique par le contexte d'insécurité ambiant, mais surtout par le fait que le Pays basque échappe aux règles de la féodalité : outre le fait que le servage n'existe pas, les nobles et les gens d’Église n'ont pas autant de pouvoir qu'ailleurs en Europe, puisque ce sont les maîtres et les maîtresses de maison qui sont en charge de la gestion et des décisions ayant trait à la communauté.

Enfin le rôle d'armée auxiliaire joué par Armandata va s'accroissant tandis que les affres de la Guerres de Cents font s'approcher des frontières basques le claquement des armes. C'est au cours de ce conflit que la Confrérie connaîtra ses heures de gloire, avant d'être finalement défaite face aux armées franco-béarnaises.

Notes et références

  1. Enciclopedia general ilustrada del País Vasco: Bi-Caballe, Éditions Auñamendi, Estornes Lasa Hnos., 1970.
  2. Maïté Lafourcade, « Une confrérie originale au Moyen Âge : l'Armandat du pays de Labourd », Lapurdum. Euskal ikerketen aldizkaria | Revue d'études basques | Revista de estudios vascos | Basque studies review, no 2, , p. 293–301 (ISSN 1273-3830, DOI 10.4000/lapurdum.1825, lire en ligne, consulté le )
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