Altneuland

Altneuland (Terre ancienne, Terre nouvelle ou La Vieille Nouvelle Terre; en hébreu: אלטנוילנד « Altneuland ») est un roman utopique écrit par Theodor Herzl, dans lequel il décrit le futur État juif. Rédigé en allemand de 1899 à 1902, il est traduit en de nombreuses langues, dont l'hébreu en 1902, par Nahum Sokolow, sous le titre Tel Aviv. Le Mont du Printemps, et le français en 1931, sous le titre Terre ancienne, Terre nouvelle...[2] Il s'agit d'un « roman de politique-fiction »[3], dans lequel Herzl présente sa vision du retour des juifs sur la terre qu'ils avaient quittée. Sur la couverture figure une phrase qui deviendra célèbre: « Si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve »[4].

Terre ancienne. Terre nouvelle...
Image illustrative de l’article Altneuland
Couverture de la première édition

Auteur Theodor Herzl
Pays Drapeau de l'Autriche-Hongrie Autriche-Hongrie
Genre Roman utopique
Version originale
Langue allemand
Titre Altneuland
Éditeur Seemann Nachf
Date de parution 1902
Version française
Traducteur L. Delau et J. Thursz
Éditeur Presses universitaires de France
Collection Judaïsme
Date de parution 1931
Nombre de pages 332
Série "Œuvres" ; 14[1]

Titre et structure

Le 30 août 1989, Theodor Herzl écrit[5]: « Aujourd’hui, au milieu des cahots de l’autobus, allant à Währing, le titre de mon roman sur Sion m’est venu : Altneuland. Évoque le nom de l’Altneuschul de Prague. Ce titre deviendra célèbre. » Littéralement, on peut le traduire par « Vieille nouvelle terre »[6].

Le roman se divise en cinq livres de longueur plus ou moins égale: « Un jeune homme instruit et désespéré », « Haïfa 1923 », « Le Pays en fleurs », « Pessah », « Jérusalem ». A leur tour, chacune de ces parties est divisée en six chapitres, également tous plus ou moins de longueur assez égale[7].

Résumé

L'action débute en 1902 à Vienne[8]. Friedrich Löwenberg, est un juriste viennois juif de vingt-trois ans, désœuvré, qui connaît un chagrin d'amour et vit plutôt en marge de la société viennoise. Il est donc las de sa vie, en proie à la mélancolie qui touche les sociétés européennes au XIXe siècle, et il ne se voit pas d'avenir[9]. Quand il lit une annonce signée « N. O. Body », dans laquelle un mystérieux personnage déclare chercher quelqu'un prêt à laisser derrière lui sa vie en Europe pour l'accompagner dans une aventure extraordinaire: partir vivre définitivement sur une île, à l'écart de la civilisation. Ce « nobody » est en fait un riche aristocrate, excentrique et misanthrope qui répond au nom de Kingscourt. Löwenberg se laisse séduire par la proposition, mais avant le départ, il laisse à une famille juive en proie à la détresse matérielle l'argent reçu de Kingscourt pour se joindre à lui dans cette aventure[9].

Les deux hommes entament donc leur voyage — à destination d'une des des îles Cook, proche de Rarotonga, dans l'Océan Pacifique. En chemin, ils font halte à Jaffa et découvrent la Palestine, alors sous occupation ottomane, dans un état d'abandon, avec une terre guère cultivée et mise en valeur, et une faible population[9],[6].

Ils se rendent ensuite sur leur île, où ils restent pendant vingt ans — période que le roman passe sous silence[9]. Mais l'isolement leur pèse si bien qu'ils décident de rentrer en Europe. Sur la route du retour, ils repassent par la Palestine. Le pays qu'ils ont sous leurs yeux en 1923 est complètement transformé, et sa population est devenue en une société cosmopolite florissante[10],[6]. En plus de cela, à Tel Aviv, un homme hèle Friedrich: c'est David Littwack, fils de la famille qui a reçu l'argent de Friedrich. La famille lui est tellement reconnaissante qu'elle a pris son nom : Friedrichsheim (« foyer de Friedrich »). David fait voir aux deux hommes les progrès qu'a connus l'humanité en vingt ans, et tout spécialement sur cette terre de Palestine, là où se trouve Sion qui unit les Juifs du monde: « Altneuland, pays ancien-nouveau, murmura Friedrich »[10].

Analyse

Publié six ans après le célèbre Der Judenstaat L’État des juifs »), il s'agit d'une fiction politique[9], une utopie sioniste dans laquelle Herzl met en scène le retour du peuple juif en Palestine[6].

Accueil

Ce livre est considéré comme la profession de foi, sous forme littéraire, des convictions de Herzl de retour en Terre d'Israël. Altneuland est pourtant reçu avec suspicion par certains courants de l'époque. Cette vision idyllique est notamment critiqué par Ahad Haam, Weizmann et Buber, mais défendu avec vigueur par Nordau[11]. En fait cette controverse oppose le « sionisme culturel » au « sionisme politique ». Progressivement l'ouvrage devient le symbole de l'espoir que la délivrance du peuple juif n'est pas qu'une illusion, car, comme l'a écrit Herzl: « Si vous le voulez, ce ne sera pas qu'une légende. »

Couverture et titre du livre en différentes langues: gauche, néerlandais; milieu: allemand et polonais; droite: hongrois et espagnol.

Notes et références

  1. « Terre ancienne, terre nouvelle... », sur Bibliothèque St Étienne de Jérusalem - École Biblique et Archéologique Française (consulté le )
  2. Les trois points de suspension sont dus aux traducteurs.
  3. Giniewski 1980, p. 13
  4. Traduction P. Giniewski, éd. Stock, 1980. (V. Bibliographie). En allemand, en dessous du nom de Herzl, sur l'image ci-contre, à droite: Wenn Ihr wollt / Ist es kein Märchen.
  5. Kuhnle 2002, Exergue (Altneuschul : « ancienne école, nouvelle école »). V. aussi la traduction de Giniewski, 1980, p. 327.
  6. Michael Horovitz, « Le manuscrit de ‘Altneuland’, l’utopie de Herzl, exposé pour la première fois », sur fr.timesofisrael.com, Times of Israël, (consulté le )
  7. Les parties comptent une soixantaine de pages, et les chapitres un dizaine de pages dans la traduction de Paul Giniewski, Stock, 1980 (V. Bibliographie).
  8. Sauf mention contraire, les citations qui figurent dans ce résumé reprennent la traduction de P. Giniewski, Stock, 1980
  9. Kuhnle 2002, § 8. En fait, il s'agit là de la première partie, dont la longueur est plus ou moins le cinquième du livre. Le reste du roman se passe en Palestine.
  10. Kuhnle 2002, § 9
  11. Henry Laurens, La Question de Palestine T.1 - L'invention de la terre sainte, Fayard 1999 p. 205

Voir aussi

Bibliographie

  • (de) Theodor Herzl, Altneuland, Berlin - Wien, Benjamin Harz Vlg, s.d., 343 p. (lire en ligne)

Traductions

  • Theodor Herzl (trad. de l'allemand par L. Delau et J. Thursz), Terre ancienne. Terre nouvelle... (Altneuland), Paris, PUF, , 332 p.
  • Theodor Herzl (trad. L. Delau et J. Tursz, précédé de « Retour à Altneuland: la traversée des utopies sionistes » par Denis Charbit), Altneuland. Nouveau pays ancien, Paris, Éditions de l'Éclat, , 320 p. (ISBN 978-2-841-62093-7)
    Reprend la traduction de 1931, parue aux éditions PUF.
  • Pays ancien, pays nouveau (Altneuland) (trad. et préfacé par Paul Giniewski), Paris, Stock, coll. « Judaïsme / Israël », (réimpr. 1998, sous le titre Le Pays Ancien-Nouveau, 366 p. (ISBN 978-2-234-04985-7)), 326 p. (ISBN 978-2-234-01344-5)
  • (en) Theodor Herzl (trad. D.S. Blondheim), Altneuland (Tel Aviv), Federation of American Zionists, coll. « Essential Texts of Zionists », , 200 p. (lire en ligne)
  • Theodor Herzl, Altneuland, Tel-Aviv, Babel Pubishers, 2004.

Études

  • Naomi Carmi Vision critique et cœur brisé, Ed. Maariv, 2002
  • Denis Charbit, « Retour à Altneuland. La traversée des utopies sionistes », in Theodor Herzl, "Altneuland". Nouveau pays ancien, Paris, Éd. de l'Éclat, 2004 (ISBN 978-2-841-62093-7)
    • Rééd. en volume indépendant, Retour à Altneuland. La traversée des utopies sionistes, Paris, Éd. de l'Éclat, coll. « L'Éclat poche », 2018, 234 p. (ISBN 978-2-841-62430-0)
  • « Paul Giniewski », dans Théodore Herzl, prophète, Pays ancien Pays nouveau (Altneuland), Paris, Stock, , p. 7-22
  • (en) Christina Hoffmann, « Zionism and Viennese modernity Aestheticism in Theodor Herzl’s Zionist novel Altneuland », Trans - Revue de littérature générale comparée, no 16 « Littérature, Paysage et Écologie », (lire en ligne)
  • Till R. Kuhnle, « L’émulation du monde ancien : Altneuland de Theodor Herzl », Germanica, vol. 31 « Le travail de réécriture dans la littérature de langue allemande au XXe siècle », , p. 143-157 (lire en ligne)
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